La beauté des laides - Mercedes Vaneo : la Classe A en version défigurée
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La beauté des laides – Mercedes Vaneo : la Classe A en version défigurée


À la fin des années 90, c’est la guerre des ludospaces. Un combat acharné que PSA et Renault mènent à coups de portières coulissantes. Lorsque le Citroën Berlingo débarque en 1996, il n’a pas de porte pour accéder aux places arrière. Le Renault Kangoo arrive quelques mois plus tard avec une portière qui coulisse pour se glisser sur la banquette de la seconde rangée. C’est un succès. PSA réplique et rajoute rapidement une ouverture. Le losange lui répond en proposant une seconde portière, toujours coulissante.

Cette guéguerre, et le succès de ces drôles d’engins, est scrutée de près du côté de Stuttgart. Car à cette époque, chez Mercedes, pas question de rater un nouveau segment. L’étoile est sur tous les fronts, de la berline de luxe avec la Classe S, à la camionnette (le Vito a été lancé en 1996) en passant par le monospace avec la Classe A. Ce petit monocorps, justement, ne fournirait-il pas une excellente base pour un ludospace, ce nouveau segment qui séduit tant ? En plus, pour Mercedes, il est indispensable de disposer à son catalogue d’un monospace plus grand, au moment ou le Français Renault Scenic cartonne.

Si la face avant est honorable, l’arrière l’est beaucoup moins et ne s’intègre pas à l’ensemble.

Alors il faut une auto qui cumule les deux spécialités. Ludospace + monospace, en réunissant les deux clientèles. À Stuttgart, on est sûr d’avoir entre les mains le carton du siècle avec ce projet baptisé W414. C’est du moins ce que se répètent les dirigeants du constructeur allemand, persuadés de détenir une idée qui vaut de l’or, surtout au prix d’un investissement raisonnable puisque la base existe déjà.

Une base qu’il faut étirer de 41 cm pour atteindre les 4,20 m de l’engin susceptible de caser 5 adultes et deux enfants dans des strapontins qui seront disponibles (en option) dans le coffre. Une malle que ses concepteurs veulent gigantesque. Elle va jauger 750 l, mais pour y parvenir, les designers allemands vont sacrifier le dessin cohérent de la première Classe A. S’ils ne touchent pas à l’avant, l’arrière est transformé, avec un hayon totalement vertical qui rappelle au mieux la camionnette du marchand de glace, ou la Toyota Yaris Verso, et au pire, le buffet de la salle à manger de Mamie sur lequel on aurait collé deux énormes optiques verticales de part et d’autre.

Une planche de bord totalement identique à celui de la Classe A.

C’est donc en toute confiance que le modèle W414 est conçu et qu’il devient le Vaneo à la rentrée de septembre 2001, lorsqu’il est dévoilé en grande pompe sur l’énorme stand Mercedes du salon de Francfort. Mais l’affaire débute mal. Dans un salon, on ne perçoit que les qualités esthétiques d’une auto, et ce ne sont pas là les points forts du Vaneo. Les critiques fusent, occultant les autres critères importants que l’on ne découvrira que plus tard, comme le confort et la tenue de route. Et ils sont assez remarquables. Les 41 cm supplémentaires de l’auto, par rapport à sa petite sœur Classe, A lui ont fait du bien, du fait de l’allongement de l’empattement. Mais ces bons points arrivent trop tard. Car ne restent en mémoire que la première impression, celle de l’esthétique discutable.

Le Classe B : il remplace le Vaneo dans sa version monospace en 2005. Le Citan : il succède au Vaneo pour son côté utilitaire – ludospace en 2012.

 

D’emblée, le Vaneo est boudé, et pas seulement en raison de son dessin approximatif. Le ludospace est cher, c’est même le plus cher de tous les modèles existants. Il s’affiche à près de 120 000 francs de l’époque, l’équivalent de 23 600 euros actuellement. Évidemment, c’est aujourd’hui le prix moyen d’une auto de taille moyenne et de moyenne gamme, mais à l’époque, les ludospaces se destinaient justement à des familles qui ne disposaient pas du budget nécessaire pour s’offrir un vrai monospace compact comme le Scenic. D’autant que ce dernier coûtait moins cher que le Vaneo. Mais le tarif de l’Allemand s’explique : on n’est pas au royaume des camionnettes généralistes, mais dans l’empire du premium ou l’on en donne plus, en qualité de fabrication et en équipement.

Dès 2002, un lecteur de DVD est intégré (en option) pour que la progéniture soit sage durant les longs trajets. Mais rien n’y fait, les familles aisées n’en veulent pas et les autres ne peuvent pas se le payer. Comme toujours avec les autos premium, il faudra attendre quelques années pour que les rares Vaneo vendus trouvent acquéreurs en seconde ou troisième main auprès d’une clientèle qui pourront enfin se l’offrir et en seront ravis. Du côté de Mercedes, on l’est beaucoup moins et dès 2005, on décide d’arrêter les frais.

Une suite prudente

Ça tombe bien, car à Stuttgart, on a anticipé le flop. Dès que les premiers résultats calamiteux du Vaneo tombent, l’étoile en prend acte et met en chantier un véritable monospace compact, ce sera le Classe B, lancé avec plus de succès dès l’enterrement du curieux engin. Quant au retour dans l’univers du petit utilitaire – ludospace, Mercedes a retenu la leçon. Il est prudent et patient. Il faudra attendre 2012 pour que le constructeur daigne réinvestir ce segment, mais pas tout seul. Il adaptera le Renault Kangoo de deuxième génération qui deviendra le Citan. À Stuttgart, on apprend de ses erreurs.

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